Promenade au Luxembourg
Chelles, le 16 octobre 2017
Chère Françoise,
Figure-toi, que, lundi dernier, je suis allée au jardin du Luxembourg. En ce début d’automne, l’air y est très doux et les feuilles d’or commencent à tapisser les allées. Quelle ne fût pas ma surprise quant au détour d’une allée, je me suis trouvée face à deux enfants sales, les cheveux hirsutes, les vêtements dépenaillés. J’aurais juré qu’ils sortaient tout droit « des Misérables » de Victor Hugo. Le regard implorant, ils semblaient dire « j’ai faim ». Ils se tenaient par la main puis couraient après les pigeons qui mangeaient les morceaux de pain lancés par une vieille dame. Tu connais mon côté aragonesque. J’ai tout de suite imaginé que poussés par la faim, ils allaient se précipiter sur les morceaux de pain !
J’en étais là dans mes réflexions quand je vis l’un deux saluer la vieille dame pendant que l’autre, avec une dextérité inimaginable, ouvrait son sac et lui volait son porte-monnaie. Aussitôt je me suis mise à crier. La vieille dame ne comprenant pas la situation s’est mise à m’agonir en m’accusant de racisme, d’égoïsme et j’en passe.
Finalement, j’ai repris ma promenade sur les pas de Jean Valjean et de Cosette, en me disant que le monde était bien injuste. Du temps des Misérables, les enfants pauvres étaient pourchassés. Aujourd’hui les honnêtes gens sont victimes sont victimes de la bobocratie qui veut faire le bien à tout prix. Je te le dis, ma chère amie, le monde n’est plus ce qu’il était.
N’oublie pas que je t’attends mardi prochain pour notre table d’écriture.
Je t’embrasse
Mireille
Mireille HEROS
UIA
6 novembre 2017