Tranchée
Si près, si lointaine
L'ennemi à quelques mètres
Le poilu fume du gros bleu.
Il revoit les routes de sa campagne
Aux carrioles chargées de blés mûrs.
Les jeunes filles aux blancs tabliers
S'avancent vers les hommes
Leurs paniers remplis de pain frais et de caillé.
Sous le soleil ardent
Les peaux luisent sous l'effort
Les bottes de foin se font lourdes au bout des fourches
Au loin, l'angélus sonne dans la fin du jour.
Dans la fumée de sa cigarette
Le poilu rêve de ces jours heureux.
Mais c'est le sinistre vent de la mort
Qui l'emporte là, dans la boue, le froid et la tristesse.
Une petite musique
Revient en sa mémoire.
Une valse quand il serrait Marie entre ses bras.
Où est-elle?
Que fait-elle
Se souvient-elle de lui, son compagnon?
Il sort sa photo
Et la serre sur son cœur les larmes aux yeux.
Quand la reverra-t-il?
Mireille HEROS
Club des Poètes de Marne la Vallée
16 novembre 2018