L’exil
Le coup de vent
Ne retiendra rien
Ni de la peur du départ
Ni de l’angoisse de l’attente
Les yeux plissés
Ils fixent l’horizon
Ils scrutent l’océan
Attendent le bateau
Du passeur de rêves.
Les gens d’ici ont le cœur en ballot
Et la terreur sur le dos.
Ils s’en vont
Le regard brûlé
D’avoir tant pleuré
Une femme, une fille, un frère
Crucifiés sur l’autel du fanatisme
Martyrisés dans leur chair et dans leur sang
Leu foi en l’être humain
Ebranlée
Devant tant de cruauté.
Les gens d’ici ne connaissent que la peur
Ils ont froid dans leur cœur.
Dans la poussière des siècles
Ils cherchent l’étoile
Ce soleil invisible
Qui les guide dans la nuit
Vers un éden
Qui toujours s’enfuit
Qui toujours se rit
De cette misère humaine
Coupante comme le diamant
Et les enchaîne.
Les gens d’ici cherchent les clés de Calais
Pour fouler le sol anglais
Sur le mur de la haine
L’hydre déploie ses tentacules
Les étouffe de ses baisers mortels
Les jette, pauvres hères, dans la jungle
Les donne en pâture aux fauves
A visage humain
Et se repaît du désarroi
De ceux qui ont faim et froid
Les gens d’ici ont dans leurs yeux, le noir
La couleur du désespoir
Eux qui partaient vers la lumière
Portés par leur rêve de liberté
De fraternité
Se heurtent à la triste réalité
D’une terre
Qui ne peut plus nourrir ses enfants
Les gens qui vivent ici ont peur
De toute cette laideur
Qui transforme les hommes
En bêtes féroces
Qui déferlent sur la ville
Et réclament leur part de soleil
Tandis que dans leurs pays lointains
La machine infernale
Efface jusqu’à la trace de leurs pas.
Mireille HEROS – février 2016