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La table d'écriture
4 octobre 2014

Mon sac à trésors

C’est une petite bombe, prête à tout moment. Elle s’habille de bleu, de gris et de rouge. Cette compagne fidèle maîtrise, mieux que personne, les crampes les plus agressives. Quand je la contemple, je revois cette soirée dansante en Bretagne où au beau milieu d’un charleston, les crampes m’ont paralysée. Tordue de douleur, j’ai dû remonter à quatre pattes dans la chambre. Je me suis couchée sur le sol froid espérant trouver un soulagement mais rien n’y a fait.

 

Le lendemain, à l’ouverture du supermarché, je me suis précipitée sur le rayon parapharmacie où elle m’attendait. Adopte-moi me dit-elle, je soigne tous les bobos. Depuis on ne se quitte plus.

 

Près de cette bombe, il y a dans le fond de mon sac, l’histoire de l’ancien hôtel Baudy à Giverny, situé à deux pas de la maison et des jardins de Claude Monnet. Plié, déplié, écorné, ce prospectus raconte l’histoire de la « cantine » des peintres impressionnistes américains, transformée aujourd’hui en musée-restaurant. Dans leur buvette-épicerie, Angelina et Auguste Baudy leur assuraient le gîte et le couvert. Ils mettaient à leur disposition un atelier qui donnait sur la roseraie. On y croisait Renoir, Sisley, Pissaro, Monet et Clémenceau

 

On y vient du monde entier pour se replonger dans l’ambiance de ces peintres sans le sou qui révolutionnaient l’art de la peinture.  En fermant les yeux, on respire l’odeur de la gouache. On entend les éclats d’une fameuse colère de Cézanne qui prit un compliment pour une raillerie ou encore le rire des belles venues de Paris et qui posaient nues au grand dam des habitants de Giverny.

 

Internet ne donne pas de détail sur l’histoire de cet hôtel. C’est pourquoi, je garde précieusement ce fascicule.

 

Mon sac me réserve parfois des surprises. C’est ainsi qu’un jour j’ai retrouvé un drôle de petit bonhomme qui faisait les cent pas. « Je suis le gardien de tes trésors, me dit-il. Je suis petit mais courageux. Tu verras qu’avec moi, tu es à l’abris des pickpockets». Tout d’abord je fus interloquée par la raideur de sa démarche, sa coupe de cheveux au carré et sa tenue militaire impeccable quand il ajouta : « tu sais j’ai fait le tour du monde en sac à dos. J’en ai vu des mains fouilleuses, voleuses mais elle n’avaient pas le temps de mettre leur projet à exécution qu’aussitôt je donnais l’alerte ou leur balançait un grand coup de pied ». Pourquoi avoir quitté ton sac lui répondis-je. « Mon maître s’est laissé séduire par une DS qui lui fait vivre les aventures les plus folles sans se déplacer. Aussi, il m’a rangé dans une boîte où je m’ennuyais à mourir. Alors je me suis mis à pleurer, à sangloter si fort qu’il est venu me rechercher et m’a déposé dans ton sac.

 

C’est ainsi que j’ai toujours un play-mobil dans mon sac.

 

Mimiscribouillard - octobre 2014

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
R
J'adore ! Bravo pour ce jeu de style
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  • A l'instar d'une table d'hôte, la table d'écriture réunit des passionnés du verbe. Les mots deviennent un jeu et donnent lieu à de franches rigolades et à de beaux textes. Sérieux s'abstenir car l'humour et la poésie règnent en maîtres.
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