Ecriture à quatre mains : Le magicien ensorcelé ou l’arroseur arrosé

Le magicien ensorcelé ou l'arroseur arrosé

Joëlle - C'est un objet qui ne m'est pas inconnu. Il semble pourtant détenir des secrets. Il peut me transporter dans une époque lointaine, au pays du soleil, des rêves. Une petite voix intérieure me fait penser que cette amphore a traversé les temps et bien des orages, que ses couleurs restent intactes, que les personnages peints devaient se sentir bien solitaires, lorsqu'ils participaient à une course de char, encouragés par une foule hurlante et passionnée.

Mireille - L'un d'entre eux, coiffé d'un turban, m'interpelle : « Tu me reconnais, je suis Sylvius le magicien, regarde j'ai encore ma lampe magique. Rappelle-toi je faisais des tours de magie à l'Université Inter âge de Chelles ». Interloquée je lui demande comment il a fait pour remonter le temps. C'est une longue histoire que je vais te raconter me répondit-il.

Un jour que je me produisais à l'Olympia, j'ai pris une spectatrice au hasard dans la salle pour la faire disparaître. Il s'agissait bien sûr d'un tour de passe-passe. Le hasard a voulu qu'elle soit elle-même magicienne. Je la fais entrer dans ma boîte magique que je couvre d'une étole de soie étoilée et je prononce la formule magique : abracadabra, abracadabra et d'un coup de baguette magique je la fais partir en fumée. Jusque là tout va bien. Le public me fait une standing ovation. On n'avait jamais vu ça à l'Olympia. Je salue mon public bien bas. Mais quand j'ai voulu faire réapparaître ma magicienne, ma baguette refusa de m'obéir elle se tordait, se pliait, se faisait toute molle. Ma formule magique restait coincée dans ma gorge. Impossible de sortir un son. J'étais ensorcelé. Que faire pour sortir de ce guêpier?

Mon public commençait à s'impatienter ainsi que l'époux de la belle qui n'était autre que l'émir du Qatar. Soudain j'entendis une petite voix, viens par ici, viens. Je regarde autour de moi et ne voit rien. Puis mes yeux se portent sur une toute petite amphore abandonnée dans un coin de la scène. Je la prends et complètement ahuri, je constate qu'elle parle. Petite amphore c'est toi qui m'appelle, mais non grand nigaud c'est moi la magicienne que ta formule erronée a rapetissé et enfermé dans cette amphore. Puisque tu es si malin retrouve ta formule magique sinon j'appelle les génies d'Aladin et tu me remplaceras.

Panique, mon cerveau ne veut rien savoir. Je tremble je ne veux pas finir au fond de cette amphore. Ma mémoire se moque de moi et me dit joue aux devinettes. Soudain comme Alice au pays des merveilles, je me suis senti devenir petit, petit jusqu'à entrer dans l'amphore. Et depuis ce jour je trône sur le buffet de Michellus à chercher la rime magique qui me délivrera de ma prison dorée.

Joëlle et Mimiscribouillard – UIA de Chelles -  octobre 2014