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La table d'écriture
25 novembre 2020

Trois jours dans la patrie de Paul Cézanne

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Un livre d’histoire ouvert

En dépit de l’alerte rouge au COVID, le voyage organisé par Evasions Culturelles, du 16 au 18 septembre 2020,  est maintenu avec l’application stricte des gestes barrière. Masque obligatoire toute la journée. Surprise à l’hôtel : pas d’intervention du personnel d’entretien dans les chambres et gants obligatoires pour prendre le petit-déjeuner.

Cela n’entame en rien le plaisir de la découverte de l’ex capitale de la Provence, à pied, sous un soleil de plomb. Riche d’une histoire de plus 2 000 ans, Aix en Provence porte encore l’empreinte des bâtisseurs romains. En 123 avant Jésus-Christ, le consul Sextius, installe son camp près d'un site d'où jaillissent des sources Aquae Sextiae (les Eaux de Sextius). Devenue colonie romaine, la ville est une étape entre l'Italie et l'Espagne et connaît un développement urbain et thermal important.

Aix-en-Provence respire la douceur de vivre provençale. Ses places et ses fontaines rappellent la ville éternelle. L’ocre de ses hôtels particuliers diffuse une douce lumière dans le soleil couchant.

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Le règne des Comtes

En 1182, Aix-en-Provence devient résidence des Comtes de Provence. La ville se développe autour de trois pôles : le palais comtal, la cathédrale Saint-Sauveur et de nouveaux quartiers artisanaux et marchands. Elle déborde de ses anciens remparts avec l'installation de nombreux couvents dont le plus célèbre est celui des Hospitaliers de Saint Jean de Malte, future sépulture des Comtes. De cette époque, la ville a gardé son enceinte circulaire, se déroulant à partir du vieux Bourg Saint Sauveur.

En 1409, Louis II d'Anjou fonde l'Université. Sous le règne de son fils, René (1409-1480), Aix-en-Provence se dote d'une administration efficace et devient un foyer de création artistique. Cet âge doré a sans doute contribué à la légende de la Reine Jeanne et du "bon Roi René", dont la statue est présente en haut du Cours Mirabeau. Un an après sa mort, la Provence est rattachée au Royaume de France. Mais pendant deux siècles, la ville refuse la politique centralisatrice de la monarchie. Aux XVIIème et XVIIIème siècles s’élèvent des hôtels particuliers qui confèrent à la ville un charme fou.

Installé dans l’ancien prieuré des Chevaliers de Malte (17ème siècle), le musée doit son nom à un généreux donateur le peintre aixois François-Marius Granet et compte plus de 12 000 œuvres et une dizaine de chefs-d’œuvre de Cézanne préfigurant les versions monumentales des Grandes Baigneuses ainsi que les portraits de Madame Cézanne et d’Émile Zola. Grâce à la donation Meyer, le musée dispose de l’extraordinaire collection "De Cezanne à Giacometti". Elle offre un large panorama de l’art au XXème siècle. La galerie de sculptures est très impressionnante par le foisonnement des œuvres.

En 2011, la fondation Jean et Suzanne Planque a déposé au musée Granet le fonds de Jean Planque (1910-1998), grand collectionneur suisse, constitué de quelque 300 peintures, dessins et sculptures depuis les impressionnistes et post-impressionnistes (Cézanne, Monet, Van Gogh, Degas) jusqu'aux artistes majeurs du XXe siècle tels Bonnard, Picasso, Braque, Léger, de Staël ou Dubuffet.

Pour présenter l'essentiel de cette magnifique collection, le musée s'est agrandi dans la chapelle des Pénitents blancs, joyau de l'architecture aixoise du XVIIe siècle.

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La Cathédrale et le cloître Saint Sauveur

Cet édifice, construit sur l'emplacement du forum antique et, selon la légende, sur les fondations d'un ancien temple dédié au dieu Apollon, rassemble une multitude de styles architecturaux, du fait des nombreux remaniements qu'il a subi au fil des siècles. Ses dimensions sont de 70 mètres de longueur sur 46 mètres de largeur. Son élévation est de 20 mètres sous la clé de voûte. Sa façade surprend le visiteur. A droite une partie en roman provençal appartient à la vieille église.

De dimension modeste, le petit cloître St-Sauveur en pierre blanche de Calissanne est une merveille d'art roman, dont la légèreté et l'élégance sont remarquables. Les personnages sculptés composent un émouvant catéchisme de pierre, illustrant notamment l'Ancien Testament et la vie du Christ. Est-ce la présence des religieuses mais l’endroit respire la paix et la sérénité.

Construit en 1190 par les chanoines de la cathédrale, il occupe une partie du forum de l’ancien castellum. Quatre galeries de huit travées formées d’arcades de plein cintre, reposent sur des colonnes géminées. Contrairement aux autres cloîtres provençaux, les galeries ne sont pas voûtées mais recouvertes d’une charpente. La légèreté de la structure explique la finesse des colonnes , l’absence de contreforts et de gros piliers massifs.

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Sur la colline des Lauves, l’atelier du maître

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Par ses paysans, ses paysages, ses champs, ses routes, ses pins, ses pierres ocres, ses fruits, la mer, le soleil, la lumière la Provence a profondément influencé Paul Cézanne, qui connaîtra une gloire bien tardive. C’est Émile Zola, qui le persuade de quitter la robe d’avocat pour se consacrer exclusivement à la Peinture.

En novembre 1901, le Maître acquiert à 62 ans, une petite propriété de campagne perchée sur la colline des Lauves pour y faire construire son atelier. Lui, qui a toujours vécu dans la bastide familiale du Jas des Bouffan, doit se résigner à s’en séparer à la mort de sa mère, sous la pression de sa sœur qui veut récupérer sa part d’héritage. Cézanne ne choisit pas la colline des Lauves au hasard : elle se situe à deux pas de son point de vue favori, la montagne Sainte-Victoire.


Chaque matin à 5 heures, il quitte son domicile de la rue Boulegon pour se rendre à l’atelier, où flotte encore sa présence : ses vêtements, ses pinceaux, sa chaise longue, ses chevalets et surtout les objets, qui lui serviront pour ses natures mortes. Il y a également un amour en plâtre dont Cézanne ne se séparait jamais.

Mais ce qui frappe le plus dans cet atelier, est sans conteste, la lumière diffusée par la verrière presque irréelle.

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La Sainte-Victoire

 

Sur une palette

De verts et de bleus tendres

Elle se dresse, fière

Vêtue d’une robe argentée

Sous un ciel léché par les nuages.

Les essences des pins surchauffés

L’enveloppent de leur parfum

Chaud, entêtant

Elle, la rebelle

Qui a su protéger ses enfants.

A ses pieds, en un rouge tapis

La terre

Renvoie les rayons du soleil

sur les toits.

Douce ondulation

Qui serpente entre les cyprès.

Le peintre sur son chevalet

Saisit cet instant magique

Quand la Sainte-Victoire

Rend les armes

Et se couche

Sous son pinceau.

 

MH


A lire : Paul Cézanne dans le midi dont je n’aurais jamais dû m’éloigner

 Charles-Armand Klein – Mémoires du Sud-Equinoxe

L’hôtel de Caumont

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Situé au cœur du quartier Mazarin, L’Hôtel de Caumont est l’une des plus prestigieuses demeures du patrimoine aixois, "entre cour et jardin". Il n’est pas sans rappeler les châteaux au milieu de leurs parcs, qui permettaient à leurs propriétaires, de témoigner de leur aristocratie. Ce quartier en damier, véritable lotissement de luxe pour les parlementaires et grands bourgeois de l'époque, fut conçu au XVIIe siècle par l'archevêque Mazarin, frère du Cardinal.

Aujourd’hui il abrite Culturespaces qui consacrait une exposition au peintre espagnol, Joaquin Sorolla

L'exposition Sorolla

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Toucher du doigt la lumière à l'abbaye Silvacane

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Rien ne doit détourner le moine de la prière d’où une architecture rigoureuse et fonctionnelle. Fondée en 1144 sur un terrain marécageux en bordure de la Durance, « silva cana », la forêt de roseaux, est la plus récente des trois abbayes cisterciennes de Provence. Ce site cistercien vous invite à prendre le temps.

Les vitraux valent vraiment le détour. Réalisés en 2001 par Sarkis Zabunyan dit Sarkis, peintre français, ils diffusent une lumière blonde et chaleureuse tout en maintenant par la transparence du verre le contact avec l'extérieur, laissant apparaître notamment les feuillages des arbres environnants.

Les motifs représentés sont des milliers d'empreintes de doigts qui rythment la surface des baies et révèlent une lumière aux couleurs de « pollen », de miel, de caramel chaud différente pour chaque vitrail et générant l’impression que les couleurs entrent en ébullition ou encore que les empreintes se gonflent et deviennent pierreries ou légers pétales.

Il semble que l’artiste ait voulu « toucher » du doigt la lumière et marquer « l’empreinte » du XXIe siècle dans la continuité de l'histoire du bâtiment.

Ainsi s'achève ce voyage dans la sérénité de cette abbaye cistercienne.

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