Les chroniques de Watson : au théâtre ce soir
Attention Mesdames et Messieurs, dans un instant ça va commencer. Je tremble devant ce rideau rouge. Les projecteurs s’allument. Et, soudain, elle apparaît dans la lumière. Je tortille de la queue sur mon siège. Je n’y crois pas . Ariel la sirène s’avance sur scène. Elle chante une douce mélodie pour ensorceler un laboureur et ses enfants, prisonniers sur l’île Corona. Elle enchaîne avec l’histoire de Pénélope, l’épouse de Gabriel Péri, un conquérant parti dans la nuit du 4 sur le radeau des souvenirs.
Sniff ! Je suis triste. Tout ça me file le blues
Toute guillerette, la clef des champs fait son entrée, la rate et se retrouve dans le chemisier de Nicole qui ouvre des yeux tout étonnés. Des voix s’élèvent : bandit voleur, voyou, chenapan...ils ont volé la clef, arrêtez-les. Bandit, voleur, voyou, chenapan… Surgis de l’enfer, les villageois poursuivent les enfants de leurs bâtons. De pauvres enfants en haillons. Si maigres qu’un loup n’en voudrait pas.
Vous parlez d’un beau métier la chasse à l’enfant ! C’est ça le courage les humains ? Je préfère être cabot. Ah voici le troisième tableau
Anna prend son courage à deux mains pour rattraper le temps perdu à cause d’un virus transmis par un moucheron, entré dans son logis par un beau matin. Alors elle s’en va à travers les prés verts et rencontre Boris, et sa trompette . Il joue roses de Picardie, pour les Yankees venus du Kentucky.
Les roses blanches ça me fout le bourdon. Ça me rappelle Berthe Silva
Aimé, Paul, Louis, Victor, Jacques, Jean arrivent vent debout sur le voilier « le téméraire » Ils contemplent Melancholia et entonnent le chant des partisans. Le rideau tombe sur Gottingen.
De mes pattes j’applaudis à tout rompre . Je donne de la voix. J’invite la gente canine à en faire autant. Hélas ce n’était qu’un rêve. Le coronavirus a volé le printemps des Poètes de Marne la Vallée. Moi qui croyais me taper des petits fours je vais me rabattre sur les croquettes. Tout fout le camp.
Mireille Héros
20 mars 2020