Le slam des encriers
Quand les pleins et les déliés s’écriront à l’encre de chine
Que la ronde et la bâtarde imprimeront leur trace
Il nous restera les encriers
Quand les doigts se maquilleront à l’encre violette
Que les craies repeindront les tableaux noirs
Il nous restera les encriers
Quand les plumes enchanteront le papier
Que les buvards sécheront les pleurs des écoliers
Il nous restera les encriers
Quand la toile émeri annoncera les vacances
Que la cire parfumera les salles de classe
Il nous restera les encriers
Comme un parfum suranné qui nous ramène vers l’enfance
Les images d’un temps révolu dans notre mémoire
Défile comme une bande dessinée
Une maîtresse à la voix mélodieuse, donne l’envie
L’envie de découvrir les mots, si beaux, si chauds
Que le cœur des enfants en est tout chaviré.
Quelques Académiciens et autre pédago diront que c’est du passé
Qu’il faut dépoussiérer l’orthographe avec quelques mesurettes
Retirer le Ph de nénuphar, mettre à bas traits d’union et accents
Mais savent-ils ces greffiers de la langue
Le temps qu’il a fallu, le soir sous la lampe
Pour intégrer tous les participes passés et imparfaits du subjonctif
Les choux, genoux, cailloux, les singuliers en ail, les pluriels en aux
Pour maîtriser toutes les subtilités de notre belle langue
Une vie n’y suffirait pas. Seuls les encriers le savent.
Mireille HEROS
Mars 2016
Quand le temps d'antan nous revient
Quand moi l'encrier, je me souviens
Les amies de l'écriture retournent en enfance
Toutes en tablier gris, pas de différence
Qu'elle est loin cette école
Quand tirant la langue on s'applique à la plume
Personne alors n'était dans la lune
Si nous appuyions trop fort sur la feuille
Les pleins et les déliés étaient en deuil
Qu'elle est loin cette école
Quand il avait les doigts plein d'encre
Il était puni ce malheureux cancre
Il n'aurait pas de bons points, pas d'image
Il faisait rire les copains, décidément pas sage
Qu'elle est loin cette école
Quand arrivait enfin le mois de juillet
Tous les enfants devaient frotter et poncer
Pour que la table passe l'été sans tache
La cire lui rendait tout son panache
Qu'elle est loin cette école
Quand revenaient octobre et la rentrée
Les écoliers retrouvaient tableau noir et craie
Les belles cartes colorées au mur accrochées
Donnaient envie à tous de bien travailler
Sauront-ils écrire autrement qu'à l'ordinateur nos enfants ?
Maryse Bugnet
Mars 2016
Quand on y pense on regrette
Le temps de l’écriture à l’encre violette, des pleins, des déliés
Quand on se rappelle les tâches et les pâtés sur le papier immaculé
On revoie les plumes trempées dans l’encrier avec son trou minuscule
Et la plume qui ripe sur le bord
Quand on retrouve de vieux papiers remplis d’une écriture régulière et pointue
On pense au temps passé lors de l’apprentissage
A ce qui fut important, signe d’éducation
Et que les jeunes négligent happés par d’autres techniques
Quand l’apprentissage de l’écriture de notre belle langue
Tourne au cauchemar avec l’orthographe qui vacille
Et la conjugaison qui part en vrille
On repense à notre jeunesse évanouie
Quand on se remémore les poésies apprises
En vieux François, on sait que la langue évolue, à droite à gauche
S’adapte et tergiverse au cours du temps.
Dominique Gilliard
Mars 2016
Quand j’étais petite, très petite,
Bien sanglée dans mon tablier gris,
Quand je trempais ma plume dans mon bel encrier
Quand je m’essayais aux pleins et déliés
Quand malgré tout je faisais des pâtés
Que j’épongeais d’un buvard rose bonbon
Quand je recevais une belle image
Ou quand la maîtresse me tapait sur les doigts
Quand je tâchais mon pupitre
Quand j’écrivais au tableau noir sans faire crisser la craie
que je rendais violette avec mes doigt salis,
Dieu que j’aimais cette vie, cette école, son odeur, ses rites, son ambiance.
Michelle Thomas
Mars 2016