La cigale et le soleil
On a toujours besoin d’un ami
Pour faire tourner la roue de la vie.
Au soir de sa vie, une cigale
Au pied d’une abbatiale
De ses ailes, sonnait le tocsin
D’un été sur le palatin.
Elle, que la fable voulait faire danser
Une dernière fois, rêvait de chanter.
Le cœur à l’abandon
Elle supplie cupidon
De ranimer la flamme
Qui brûle au fond de son âme
Pour un grillon rockeur
Parti dans les valises d’un colporteur
Cupidon fait la sourde oreille
Et en appelle au soleil
Fais braire la cigale en haut du pin*
Offre-lui tes rayons brûlants en guise de festin.
Le soleil ému par le désespoir de la chanteuse
Sur l’archet de ses rayons, joue une berceuse
Lui murmure éveille-toi, belle endormie
Je suis ton ami.
Je ne veux plus brûler mes ailes, lui dit-elle
Et se drape dans un arc-en-ciel.
Bouleversé, le soleil convoque l’univers
Pour organiser, en l’honneur de la cigale, un concert.
Le chœur des vagues accompagné du vent
Se lance dans un Ave Maria vibrant.
Du soleil, complices,
Les étoiles explosent en un feu d’artifice
Et dissipent le brouillard de chagrin
Qui entoure la cigale en haut du pin.
La musique et la lumière font merveille
Et l’été indien réveillent.
Tout doucement les ailes frissonnent
Puis, un hymne au soleil, entonnent.
Enfin, la cigale sort de sa torpeur
Et bat des ailes de bonheur.
Mireille H. – mars 2016
*vers emprunté à Jean Cocteau (Batteries)