Portraits de femmes : la femme voilée
Toute de noir voilée
Elle pénètre dans le salon
Sanctuaire de la féminité.
De sa fille, livre les cheveux blonds
Aux mains expertes d’une coiffeuse
Pour discipliner quelques épis rebelles
Et donner à ce visage digne de Greuze
Des airs de damoiselle.
Empruntée dans ses voiles
Nymphéas flottant sur l’étang
Elle le découvre entre les étoiles
Dans sa couverture rouge sang.
Tremblante, elle le prend entre ses bras
Caresse, ses mèches du bout des doigts
Douces comme du taffetas
Et son cher passé entrevoit.
Le regard tourné vers les plaines du Nord
Elle se revoit douce fleur de lin
Quand elle goûtait sans remords
Les baisers d’un galopin.
Dans sa robe rouge cerise
Parsemée de pois blancs
Elle se maquillait à sa guise
Et offrait ses cheveux à la caresse du vent.
Mais un Apollon, venu du désert,
De son regard ténébreux
L’a faite prisonnière
Pour honorer son Dieu.
Comme un fruit défendu
Elle referme le nuancier
Sa coquetterie, au clou, pendue
Elle rejoint son geôlier.
Mimi Scribouillard