Nouvelle : Premières vacances sur les bords de Marne

L’alelier de couture résonne du rire des cousettes en ce dernier jour de juillet. Pour la première fois, le patron accorde une semaine de congés payés. Marion a choisi de partir à Nogent-sur-Marne, où elle retrouvera son amant, ouvrier chez Renault. Pour l’occasion, elle revête une robe fleurie et un chapeau assorti.

L’aventure commence sur le quai de la gare Saint-Lazare à Paris avec la locomotive à vapeur. La fumée envoie des escarbilles dans le wagon qui piquent les yeux. Les champs de luzerne défilent à toute allure. Marion en est toute grisée. Bientôt le contrôleur annonce : Nogent-sur-Marne, terminus !

Tremblante, elle cherche du regard son compagnon, coiffé d’un canotier. Il a fait le voyage à vélo. Ils font une halte dans une guinguette et dégustent sur le zinc du Petit Robinson une friture de goujons arrosée de guinguet qui vaut bien un xérès.

Attirés par les flons flons de l’accordéon, très vite ils ont des fourmis dans les jambes. Ils se lancent sur la piste et enchaînent paso, tango, valses, rumba… les yeux dans les yeux.

Le soir descend sur cette merveilleuse journée. Des étoiles plein les yeux, à l’image des tableaux impressionnistes, ile reprennent le train. Le contrôleur en képi siffle le départ pour paris et le retour à la réalité.

2OO ans plus tard

Techno danse au Petit Robinson

 « Je me sens dans tes bras, si petite

Si petite, auprès de toi

Que tu peux, quand mon cœur bat trop vite

Le briser entre tes doigts »

Le piano à bretelles égrène cette très vieille rengaine de Lucienne Boyer qui date du milieu du XXème. Entièrement relooké, le Petit Robinson, en a fait son jingle qui fait fureur dans les boîtes de nuit de la terre entière. En cette nuit de la Saint-Sylvestre 2152, la fête bat son plein dans la guinguette. Des lumières psychédéliques éclairent la piste de danse où évoluent les couples.

Pour l’occasion Ninon porte une superbe combinaison thermique en lamé argent rehaussée de strass. Elle brille de tous ses feux. Ce soir, pas question de faire banquette. Elle a déjà retenu plusieurs danses auprès de son danseur préféré qui est tout-à-fait à son goût : grand et bien baraqué. Comme dans la chanson, elle aime à se sentir toute petite entre ses bras. A la première valse, il l’envoie en l’air, la fait virevolter. Son cœur tremble mais elle adore se sentir comme un fétu de paille balloté par les océans. « Encore, encore, lui crie-t-elle, mon taux d’adrénaline explose. Son partenaire obéit au doigt et à l’œil ou plutôt à la télécommande. Il cligne des yeux en signe d’acquiescement, prend son élan et l’emmène encore plus haut, plus près des étoiles qui brillent au plafond. Il lui concocte quelques loopings qui la laissent pantelante mais heureuse.

Ce soir elle a eu sa part de bonheur avec un robot danseur.

Mimi Scribouillard