Adieu
Le soleil s’attarde
Sur l’autel de l’église
Aux ors rutilants
A l’orgue
On joue Bach
Et l’Ave Maria de Schubert
Le prêtre officie
Avec encens et prières
Sur les bancs
Derrière les lunettes noires
Ça pleure, ça renifle
Avec force de signes de croix
En ce jour d’enterrement
On se rappelle
Au bons souvenir de Dieu
Ça peut toujours servir
Pas l’ombre d’un mot pour le mort.
Oh ! Ce n’était pas un saint
Il n’a pas été tous les jours bien sage
Et a souvent emprunté
Des chemins de traverse.
Seule la poésie
Tente de percer
Le mur de l’indifférence
De briser le silence
Partir sans un mot
Ce n’est pas digne d’un être humain
On ne le fait pas pour un chien.
Avec audace
La poésie prend son courage à deux mains
Pour faire voler en éclats
Cette hypocrisie
Qui la révulse
Au plus profond de son âme.
Une dernière fois
Le prêtre mendie auprès de la famille
Une parole, une pensée
Un simple mot d’adieu
Seul le silence lui répond.
La poésie, alors, lance ses rimes au ciel
Bouquet sur l’arc-en-ciel
Et trace en lettres de feu
Adieu mon frère.
Mireille HEROS
12 mars 2020