57 rue Carnot
Te souviens-tu de la rue Carnot
Où tous les soirs à 18 heures, les poireaux
Entraient dans la danse
Des camions, pour les halles, en partance.
Entends-tu le chant des meules
Qui rasaient les céleris
Ou encore la laveuse de carottes
Qui dans un bruit d’enfer
Les débarrassait de la terre
Pour offrir de beaux légumes aux petits parisiens.
Sens-tu le parfum doucereux des tilleuls
Qui envahissait la maison au cœur de l’été.
Le balcon s’habillait de lauriers roses
Le linge séchait sur une corde
Etendard d’une époque à jamais disparue.
Te rappelles-tu des flons flons de l’accordéon
Qui s’échappaient du café-restaurant de Germaine
Ou encore du cinéma ambulant
Qui s’installait tous les mardis dans la salle de bal.
Point de portes et fenêtres fermées.
Les voleurs n’existaient que dans les films.
Et puis un jour nous avons grandi
Nous sommes tous partis pour d’autres ailleurs
A la recherche du bonheur.
La maison privée des cris de la fratrie
A sombré dans la mélancolie
A refermé portes et volet
Et s’est assoupie.
Mimiscribouillard – Février 2015