Les deux diablesses
Par un froid matin d’hiver
Une gentille centenaire
Poussa la grand voile
Et rejoignit les étoiles
En la cathédrale de Gisors
On célébra son cœur d’or et son or
Les larmes furent versée en abondance
Jusqu’aux mousselines noires qui se mirent en transes.
Car la petite dame laissait un pactole
Digne d’un roi du pétrole
Elle l’avait partagé en assurances-vie
Entre neveux et nièces et même les bannis.
Une fois de plus, on couvrit de fleurs
La tantine au grand cœur.
Mais l’appétit vient en mangeant
Et l’affaire se compliqua à l’ouverture du testament.
Dan sa grande bonté, la vieille dame avait légué
Aux enfants de son frère aîné
Le reste de sa fortune
Un appartement et quelques tunes.
Assommées par ce coup du sort
Iris et Anémone vidèrent le coffre-fort
Dévalisèrent l’appartement
Et laissèrent quelques miettes d’un sandwich rassis depuis longtemps.
Sur le bon Coin se dépêchèrent
De vendre leur butin aux enchères
Leur forfait achevé, les deux diablesses
S’empressèrent d’aller à confesse
Pour faire absoudre leurs péchés par Monsieur le Curé qui resta coi
Quand elles l’assurèrent d’avoir agi pour le respect de la mémoire de leur tata.
Elles qui avaient accompagné la défunte jusqu’à son trépas.
L’affaire aurait pu en rester là.
Sauf que le notaire
Se déplaça pour dresser un inventaire
Voyant le coffre ouvert, la police appela
Cette dernière enquêta pour retrouver les malfrats
Leurs investigations les conduisit
Dans un cinq étoiles en Andalousie
Où les deux sorcières jouaient à la roulette
Des sommes bien rondelettes
A la Santé, elles furent condamnées
A balayer, aux pieds des matons, les miettes dorées
Des brioches dominicales
Et à rembourser intérêts et capital.
Au fonds de leur cachot, les deux pécores
Sur le vieil adage, méditent encore :
Bien mal acquis, ne profite jamais.
Mireille Héros
11 septembre 2020