Manger son chapeau, c'est facile
Sans doute aurez-vous remarqué avec quelle facilité les politiques ou certaines de vos connaissances vous font avaler des couleuvres ou vous font prendre des vessies pour des lanternes. Un nuage noir plane au-dessus de Rouen. Ce n’est rien, un écran de fumée. Des migraines et des vomissements dans les classes. Ils n’ont qu’arrêter le Mac Do tous ces mioches. Glasgow envoie une alerte et la police arrête un pauvre innocent à la place du meurtrier sans vérifier son ADN. Peu importe, c’est une bavure.
Vous tempêtez, râlez, déversez votre colère sur les réseaux sociaux. Rien n’y fait. Mais il y a beaucoup plus facile pour faire vos choux gras de toutes ces petites mesquineries ou vantardises de nos politiques au quotidien.
Vous prenez une de leurs petites phrases, retirée de son contexte, ou bien mieux encore une photo ambiguë voire retouchée. Vous les faites fuiter sur Twitter ou Facebook. La meute se déchaîne. Chacun y va de son commentaire. Les loups hurlent au scandale sur la toile. Votre proie n’en croit ni ses yeux ni ses oreilles. L’air de la calomnie numérique enfle, enfle. Rien ne peut l’arrêter. La horde des chaînes d’information en continu s’empare du sujet : éditions spéciales, interviewes d’experts, témoignages, polémistes…
Ça tourne tant et tant qu’il ne reste qu’une seule issue à votre victime : manger son chapeau.
Mireille HEROS
Les mardis de l’écriture
Octobre 2019