Le roi Lion et le faon
Un jour à la cour du roi Lion
Se présentât un jeune faon
Au regard si doux
Que toutes les dames de la cour
Le voulaient dans leur salon
A déclamer les poèmes d'Homère
Elles l'entouraient de mille attentions.
Un baiser par-ci, une caresse par-là.
Notre jeune faon était comme un coq en pâte.
Le roi Lion s'inquiétât bientôt de tant de sollicitude
Pour un jeune puceau.
On commençait à jaser dans les chaumières.
Un faon à la cour du roi Lion
On n'avait jamais vu ça.
Les dames de la cour n'en avaient cure
Et continuaient à dorloter le faon aux yeux de biche
Bientôt il se lassa de ce trop plein de tendresse.
Il observa le roi Lion et sa cour
Se prit au jeu de la séduction
Toujours à prévenir le moindre désir royal.
Notre faon devint vite le visiteur du soir
Qui murmure à l'oreille du roi.
Un jour, le pain vint à manquer dans le pays.
Le peuple, en colère, sortit fourches et gourdins
Aussitôt le roi envoya le faon en émissaire
Parlementer avec les gueux
Il leur promit monts et merveilles
Du pain blanc à tous les repas
Et du poulet tous les dimanches.
Il repartit sous les hourras
Se présentât devant le roi
Qui le félicitât d'un tel exploit.
Hélas, les finances ne purent suivre
Les manants, en guise de pain, eurent du bâton.
Alors leur colère redoubla
Les portes du château tremblèrent
Puis s'écroulèrent sous les coups des fourches
Le château fut bientôt envahi
Et tombât aux mains de la foule
Avec à sa tête le faon aux yeux si doux.
Les cuisines furent pillées
Les garde-robes vandalisées.
Le roi Lion se jurât un peu tard
Qu'il ne se laisserait plus enfermer par les courtisans.
Mireille HEROS
19 mars 2019