Cent mille milliards de poèmes
Ce jeu consiste à prendre
- le premier vers d'un sonnet au hasard
- le second d'un autre
- Le troisième d'un autre et ainsi de suite
Un grand chatoiement simple, où bulles et musiques
De vos grands yeux où rit et pleure un rêve doux
Qu'éclairait doucement le soleil du matin
Une dame créole aux charmes ignorés
Es-tu roi, toi le seul ou le dernier amant ?
Si vous le daignez voir en son jour le plus beau
Et couvre de sa soie une étoile au teint clair
Où meurt nos sommeils sous son regard fortuit
Quelques fois seulement, près de votre maîtresse
Ou bien Amour, son fils : en vain telles excuses
Barberousse et Richard ont sacré ce refuge
Roses blanches, tombez ! vous insultez nos dieux
Germer mille sonnets dans le cœur des poètes
D'un rêve de bonheur au contour intangible.
Maryse Bugnet
Ainsi, mon cher Ami, vous allez partir
Pour votre Saint-Germain ou pour votre Fontainebleau
Quel que soit le chemin, quel que soit l'avenir
Une dame créole aux charmes ignorés
A la face et aux yeux de Céleste Cour
A dans le cou des airs noblement maniérés
Et couvre de sa soie une étoile au teint clair
Son sourire est tranquille et ses yeux assurés
Quelques fois seulement, près de votre maîtresse
Que le gémissement premier du premier homme
Et fuit sous le frisson d'une plume de lune
Vous feriez à l'abri des ombreuses retraites
Dont le plâtre s'écaille au bout de l'avenue
Des anciens monts rongés par la mer du déluge.
Mireille HEROS