A fleur de rêves

Je rêve que je prends le train vers une destination lointaine. Les paysages sont magnifiques, le soleil brille, les vaches paissent paisiblement, tout est calme et beau. Je traverse donc l’Auvergne profonde, avec  ses collines boisées, ses prés, ses ruisseaux chantants, ses villages pittoresques. Je me lève de ma place et vais dans le wagon suivant, et qui vais-je y retrouver?

Ils lisent dans de grands registres couverts de formules mathématiques. Bon, là je pense qu’ils ont vraiment perdu la tête, d’autant plus qu’en prêtant l’oreille, j’entends qu’ils se racontent leurs souvenirs de vieux boscos. Mais je ne mélangerai pas tout, moi ? Soudain je vois la mer ! Une plage, un crabe qui se carapate, une crevette folle. Ah mais c’est un rêve en fait, je suis dans mon rêve !!!

Et pour finir, eh bien je me suis bien marrée, le crabe s’est tiré, et la crevette... je l’ai croquée!

Michelle Thomas

Coquillages et crustacés

Je travaille gratuitement et en douce à Cassis. Ah le bord de la méditerranée, que de douceur, mais gare aux tempêtes ravageuses.

Me voilà totalement seule, à part la compagnie de quelques crabes et quelques crevettes, mais bon le soleil réchauffe mes vieux os et les copains vont bientôt arriver.

Les crabes chantent en frottant leurs pinces les unes contre les autres et les crevettes se cachent pour chuchoter leurs histoires entre elles.

Ah quelle provinciale empotée ! Elle aurait mieux fait d’amener une gamelle pour nous récupérer ! Enfin pas en trop grosse quantité quand même.

Tout est bien qui finit bien, enfin pour les crabes et les crevettes, moi je reste sur ma faim.

Dominique Gilliard

Le temps des copains

Je rêve que je joue dans les nuages : je cours dans  des vieux bâtiments un peu effilochés, plein de creux où se nicher, et de trouées où s’échapper pour des parties de cache-cache avec René, Jean-Paul et Dédé, mes copains de toujours, avec qui nous sommes en vacances mes sœurs  et moi.

Les voilà ! que font-ils ? Ils marchent en crabe et elles sautillent ! Eux font les crabes qui pincent…et nous les crevettes qui se tortillent ! Le jeu éternel des garçons qui poursuivent les filles qui crient en se trémoussant !

« Piou, piou » font les filles agitant leur bras maigrelets pour narguer les garçons, « Croa, croa » font, d’un air menaçant,  les garçons…avant qu’elles ne s’éparpillent en gloussant !

Moi, je leur tourne le dos, d’un air hautain et vais chercher un logement plus accueillant pour rêver un peu sous le calme d’un ciel d’été…avant de reprendre nos courses folles

Dominique Payot

Le voilier

Je rêve d'un voilier au milieu de la calanque avec des marins tous plus beaux les uns que les autres pour plaire à la belle endormie, la princesse Olga. En Bretagne du Sud sur une grande plage vide, ils s'amusent à escalader les beaux rochers, à chercher coquillages et crustacés à déguster sur place, à nager, à chanter, entourés d'oiseaux, compagnons privilégiés des pêcheurs qui piaillent et jouent au-dessus de leur tête. Ils  me toisent et me regardent en ricanant. Vous ne nous attraperez pas, semblent-ils nous dire ironiquement. Laissez-nous profiter de la plage et de ses trésors, allez voguer plus loin !

Enfin du boulot, bien payé en plus, disent-ils. Tout cela pour vous chasser de notre territoire, nous sommes payés par Nicolas (Hulot). La Bretagne est réservée aux amoureux de la nature, vous n'en faites pas partie, allez oust !

Il ne reste plus qu’à suivre l'adage : soyons sages, restons la tête dans les nuages.

Maryse Bugnet

On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même

Je rêve que je nage loin, très loin dans la mer. Je brave les flots. Je dépasse les planches à voile en leur disant salut, pas trop dur la culture !

Soudain, au-dessus des sommets enneigés, apparaît un condor aux yeux et au bec menaçants. Me confond-il avec une épave, un oiseau mort ? C’est sûr. Il va me dépecer. Je nage de plus en plus vite pour échapper à ce funeste destin. Ma course s’arrête au pied d’un éperon rocheux. Je m’accroche. Mes mains glissent. Le souffle court, je reprends l’escalade lorsque j’aperçois deux énormes pieds velus. Sauvée, me dis-je.

Soulevée par deux gros bras, je me retrouve sur la terre ferme au beau milieu d’un zoo. Les gardiens aménagent avec goût et dextérité, les cages qui abritent les animaux rares. Me poussant à l’intérieur, ils s’écrient « en voilà un qui devrait faire le buzz sur Internet. Vite filmons-le et mettons la vidéo sur Facebook ».

Je crie, me débats. Je vois du rose, du bleu, du noir. Je sors ma botte secrète et leur balance un uppercut du droit bien placé. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même.

Mireille Héros