Angelina à Maléfique : les bâtiments de la compagnie asiatique
Noisiel, le 18 novembre 2017
Chère Maléfique,
As-tu déjà vu les tableaux du peintre danois Vilheim Hammershoï ? Chacun d’entre eux est emprunt d’une ambiance énigmatique que Philippe Delerm, un écrivain contemporain, a décrit dans son ouvrage « intérieur ».
A l’atelier du club des poètes de Marne-la-Vallée, Irène nous a fait écrire à partir d’un tableau de ce peintre et à la manière de Philippe Delerm. J’ai adoré cet exercice de style. J’avais choisi les bâtiments de la compagnie asiatique. Ma passion pour le bâtiment ne m’a quittée. Voici ce que j’ai vu.
Deux bâtisses dans le ciel plombé. Coiffées de chapeaux couleur ardoise. Majestueuses sentinelles en faction. Elles surveillent. Elles surveillent les bateaux. Bateaux en partance pour des rivages lointains. Porteurs d’espoir.
Une porte s’ouvre sur la mer. Lueur dans la grisaille d’automne. Un rayon de soleil se hasarde. Etendard de la liberté, de la beauté du monde.
Les fenêtres donnent à lire. A lire des histoires de marin qui jamais ne reviennent. Retenus par des bras aimants ou par l’étreinte mortelle de l’océan. Chacune d’elles pleure. Un amant, un père, un frère. Elles pleurent le lourd tribut payé à la mer.
Le cœur fermé elles ne voient pas la goélette. Fougueuse, conquérante d’un monde nouveau. Elle largue les amarres. Le sillage n’est plus qu’un trait. Un point sur l’océan.
Le silence retombe. Chape de plomb sur le tableau. Doucement, il s’endort dans la nuit de l’oubli.
Murées dans leurs certitudes, les deux vieilles dames s’étreignent.
Enfermées dans une époque au passé composé. Elles repassent leur jeunesse en noir et blanc.
Et toi, Maléfique es-tu sensible à l’architecture, à l’âme des bâtisses, anciennes ou modernes ?
J’ai hâte de te lire
Angelina