L’œuf de cent ans
Restaurant à Evreux
L’œuf de cent ans
Le petit bruit de l’œuf dur, que l’on écale
Se propage dans la cuisine.
L’heure est aux grands préparatifs.
L’évènement est de taille
C’est la communion solennelle du fils aîné !
Avec quarante invités.
Vite, vite tout doit être prêt.
Dans les mains expertes de la cuisinière,
Un à un, les œufs sont mis à nu
Au grand dam de l’un d’entre eux :
« Je n’ai plus de coque.
Je suis nu comme un vers.
Que faites-vous de ma pudeur ?
Je ne veux pas finir en mayonnaise ».
La cuisinière n’en croit pas ses oreilles
Rendez-moi ma coque
Crie le petit œuf dur
Qui sautille sur la table.
Pas de doute
C’est un œuf parleur.
Elle tente de l’attraper
Il glisse entre ses doigts.
Que faire ? Le temps presse.
L’amadouer ?
« Mon petit coco
Je faire te faire
Un petit nid tout doux ».
Non je veux ma coque
S’entête l’œuf dur
Je veux redevenir un œuf du jour.
Que faire ?
Un sourire illumine son visage :
La malle à rêves
Doit détenir la solution.
Elle attire le petit œuf contre elle
L’emmène au grenier
Et le dépose dans la malle à rêves.
Appelle le magicien
Avec la formule magique
Abracadabra
Et fais un vœu.
Le petit œuf s’exécute
Et le magicien
Lui rend sa coque
Le transforme
En œuf de cent ans
Et l’envoie en Chine
Rejoindre ses congénères.
Mireille HEROS – janvier 2016